Eduardo Martín au Soler

Je me suis laissé dire qu'un maître de la guitare cubaine serait bientôt en Roussillon. J'ai pressé un ami guitariste de m'en dire un peu plus. Il m'a éclairé en tapotant le dos de sa guitare. Confirmé! Il s'agit d'Eduardo Martín. Il se produira ce prochain vendredi 21 mai (mais pourquoi donc la plupart des guitaristes jouent-ils le vendredi?) à l'Espace Martin Vives, à Le Soler, cette ville vaillante et distrayante qui s'abouche chaque heure un peu plus Perpignan. Mon ami m'a prévenu cet artiste cubain (né en 1956 à La Havane) ne fait pas pour autant dans les rythmes caraïbéens. Trémousseurs avides et patentés, mettez-vous cette information dans un recoin d'oreille. Non, son affaire à lui est... la musique classique, sa virtuosité de guitariste il la met au service d'oeuvres de création, et pour être compris de celles et ceux qui l'attendent, de la musique de chambre. C'est dans ce domaine qu'il s'est fait connaître et s'est imposé comme compositeur imaginatif et interprète doué. Qu'il écrive des solos ou des quatuors. Qu'il exécute en solo, en duo ou en quatuor. Il est sensible, élégant et efficace. De son île, Eduardo Martín est parti à la conquête de l'Amérique du Sud, qu'elle parle espagnol ou portugais, qu'elle sacrifie aux dieux du tango ou de la bossa nova. Son talent n'a pas été boudé par les États-Unis anglophones et rockers; bien au contraire: il jouit à New-York d'une image éclatante. Le Japon qui, semble-t-il, a un joli faible pour la guitare venu d'ailleurs, a suivi et continue de lui tresser des lauriers. -Et l'Europe? A la traîne comme d'habitude? A-t-elle une fois encore emmêlé les cordes de la tradition et de la modernité? -Non, pas du tout: l'Espagne, l'Italie... et même France lui ont dit Okay et aiment sa façon de pincer les cordes. La France, en particulier, qui n'a pas été des dernières à découvrir Eduardo Martín. En effet, le guitariste cubain y a été  consacré en 1991 par un prix Radio-France. Il est vrai qu'aussi bien sa "Suite cubaine" que "Hasta Alicia Baila" sont des pièces majeures de la création guitaristique contemporaine. Qu'on puisse en avoir des vibrations directes chez nous, quel merveilleux privilège, et là il n'y a pas de "trampa". -Bon! Je vois qu'il me sera difficile de ne pas courir à cet appel du vendredi  23 mai à... comment faut-il dire, au Soler ou à Le Soler? -Sachez surtout que ce concert, proposé par Guitar Arte, débutera à 20 h 45 avec une participation aux frais de 5 euros. (L'Espace Martin Vivés, du nom d'un peintre fameux en Roussillon, se trouve au coeur de la commune).

François Bords de Tet.

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