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Met Barran
1 août 2014

L"HEROS" DE GRACIÁN A PERPIGNAN

Pour qui est à l'affût, la bonne surprise finit toujours par arriver et même ravir. Et me voilà feuilletant le Cahier 2  du journal Le nouvel Economiste (on a les lectures que l'on veut, na!) C'est une sorte de supplément Samedi, dit "Art de vivre & style de vie", daté de Vendredi 25 juillet 2014 -N° 1724 (oui, je suis gentil, je vous dit tout!). Je ne vous cacherai pas que ce qui, tout d'abord, a arrimé mon coup oeil est une sorte de bandeau-titre qui m'en promettait beaucoup. Un bel hameçon! Je veux le partager avec vous: "Devenir un héros en 20 leçons et 120 minutes". Par les temps qui courent et au prix où sont les billets des TGV d'évasion, je prends sans discuter, et tourne les pages. Quatre grandes et pleines pages et la suite (forcément si affinités) me dit-on sur lenouvelconomiste.fr. Pour l'instant je m'en tiendrais aux pages papier saumon. Il y a déjà beaucoup à lire, à réfléchir, à prendre et à reprendre. Car, voyez vous ce n'est pas de la poudre littéraire perlimpinpin/pinpinette, c'est du Baltasar Gracián (1601-1658). Ou plutôt, on trouve la clef rapidement, du "Laurens" Gracián. Un frère? un fils? un oncle? un neveu?...Non, lui-même en son pseudo. la langue originale de ce Gracián est l'espagnol.  "L'HEROS"-c'est le titre du livre à nous lecteurs de 2014 présenté- est en français. Alors quoi de neuf, M. Gracián? La Cour est-elle ce qu'elle a toujours étée? Vaut-elle la peine que nous lâchions nos plages et nos montagnes? Il ne me répond pas. Je saisis que je suis hors-sujet. Je feuillette, le papier est d'une coloration douce qui ne blesse pas la vue, le papier n'a rien de rustique ni de glacé, il y a une belle composition graphique  et de non moins belles illustrations, c'est un plaisir ce  Samedi. Et, que vois-je que je n'avais pas vu dans un premier jumping panoramique, que "L'HEROS" de LAVRENS GRACIAN GENTIL-HOMME ARRAGONOIS. Traduit nouvellement en François. Par le Sr.Gervaifse Médecin Ordinaire du Roy eftably dans la ville & Chafteau de Perpignan. A PARIS chez la veufue. PIERRE CHEVALIER, rue St. Jacques, à Image S. Pierre. M. DC.XLV. Avec Privilège du Roy". Je vous ai dit que j'étais gentil et que je vous dirais tout.-Mais alors pourquoi ne pas voir choisi une option carrément image?-Parce que... je n'aime pas la photo, na!). Dès à présent (et je fais ici confiance à la multitude qui se précipite(ra) sur mon blog, affamé qu'elle est et restera de messages qu'elle ne trouve(ra) pas ailleurs) nous sommes plusieurs (merci Le nouvel Economiste!) à savoir que l'on a traduit du Batasar Gracián à Perpignan, sinon intra-muros, du moins en son château (le nom nommé palais des rois de Majorque). Pour une si gringalette nouvelle, il n'y a pas lieu de décréter... trois jours de fête nationale, quoi que! La traduction que nous découvrons et qui nous contraint à avancer lentement, sinon on n'y pige pouic, date de 1645. -Cela fait donc 369 ans, pourquoi ne pas la laisser dormir en paix? -Allez, allez, ne soyez pas grossier, vous? -Ce fut une première! Bien sûr,  la première traduction française imprimée, de ce qui a été le premier livre publié, à Madrid en 1637, de l'écrivain "arragonois" Baltasar Gracián, écrit en espagnol. -Admettons! D'abord, qui est- ce Ger...-Oui, Gervaise. Nicolas Gervaise, médecin du roi, pour vous servir. Mais que, diantre, faisait-il donc en ce château de Perpignan? Ce n'était pas que je sache lieu de villégiature. Nous étions aux temps des troubles et des inimitiés franco-espagnoles, sinon franco-hispano-catalanes. Rappels. Contexte général: La Guerre de Trente Ans. En Espagne, règne Philippe IV (1621-1665). En France, règne Louis XIII (1610-1643). 1640, soulèvement catalan et portugais, sus aux Espagnols, aux Hausbourg. 1643: Disgrâce du comte-duc d'Olivarés, accession au pouvoir de Luis de Haro. 19 mai 1643: défaite ou victoire (selon le camp que tu choisis, Melo ou Enghien) de Rocroi. Janvier 1648: Traité de paix de Münster. 1654: Louis XIV, sacré roi. 1659: Traité des Pyrénées (Luis de Haro-Jules Mazarin) qui, entre autres choses,  scelle un nouveau destin pour le Roussillon et la Cerdagne. Bon! Maintenant c'est plus clair, oui?non? Nous avons tenté en tout cas une ébauche du contexte historique et politique de la traduction Gervaise. Cette traduction, à en croire des pensifs penseurs et d'autres studieux au long cours, ne reçut pas que des louanges. Même si nous ne disposons d'aucune "revue de presse", au moment de sa diffusion. Alexandre Cioranescu (1911-1999), auteur du très beau livre "Le Masque et le Visage: du baroque espagnol au classicisme français" (Droz, 1983) écrit ceci: (...) (Gervaise)  explique un peu avec l'air de s'en excuser, qu'il avait travaillé à cette version pendant qu'il était détenu par la guerre à Perpignan, où il n'avait d'autre société que celle des livres. Il dit qu'il était résigné à la compagnie des morts, ce qui prouve qu'il ne savait pas que Gracian vivait encore. Sa traduction est littérale et ennuyeuse; ses contemporains l'ont qualifiée de barbare." La plume scalpel de Cioranescu semble avoir donné le ton général sur le travail du médecin Gervaise. Mais la dépréciation, le ban des égratignures,  avait déjà une tradition, ce que nous rappelle Sònia Boadas (in "Las traducciones francesas de El héroe de Baltasar Gracian y la censura politica en el siglo XVII" in www. acadamedia-edu ). Morel-Fatio (1909) trouve la version "très littérale et barbare, (qui) n'offre guère d'utilité". Rouveyre (1925) dit l'auteur "insuffisamment initié à l'espagnole et ne maniant que lourdement le français, Gervaise avait entrepris une tache au-dessus de ses forces. Il se contente volontiers, comme un écolier, d'un mot à mot peu intelligible, d'où ne ressort pas toujours qu'il ait compris le texte". La volée de bois vert ne s'arrête pas là. Victor Bouiller (1933) estime que Gervaise -nous traduisons de l'espagnol de Sònia Boadas-"ne parvint pas à comprendre le texte espagnol et n'hésita pas à supprimer les passages qui lui paraissaient obscurs et inapropriés à ses vues". Et, plus près de nous, J.M. Losada (1999) donne le coup de grâce: "D'après les critiques unanimes, il ne s'agit que d'une piètre version littérale exécutée sans goût ni vraie intelligence du texte. Elle montre le peu d'habileté du traducteur dans le maniement du français et sa connaissance médiocre de l'espagnol. Le résultat est un texte assez obscur et pesant." (Sònia Boadas n'a pas pour but de porter un jugement qualitatif sur la traduction de Gervaise. Elle compare des versions différentes pour détecter ce qu'elles montrent, ne montrent pas, altèrent, modifient, etc. Son investigation nous révèle, entre autres choses, dans sa recherche sur les effets d'une censure politique, une version manuscrite inédite, "Extraict du Héros de Laurens Gratien gentil-homme Espagnol" qu'elle attribue à Jean Ballesdens (1595-1675), et qu'elle date d'avant le 14 mai 1643. Bon! Que vous le vouliez ou pas, nous avons progressé un peu malgré les zigs-zags dans l'approche de "L'Héros" (à vous de lui donner la figure que vous souhaitez si vous pensez que vous avez besoin de posters de héros!). Il ne vous reste plus maintenant qu'à vous reporter aux "belles pages saumon" du Samedi du nouvel Économiste,  d'y glisser les subtilités de votre perspicacité et de votre esprit critique, sans perdre la boussole de la navigation chronologique pour y faire bonne pêche et, naturellement, si vous pensez que cette première provision ne suffira pas à vous calmer vite allez voir à lenouveleconomiste.fr. 

Dédé Lenfantdo.

xxx

 

 

 

 

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