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Met Barran
23 octobre 2014

Gloup!Gloup!Gloup!

Je ne m'attendais pas, je pouvais rentrer à n'importe quelle heure, j'étais donc tranquille.

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Il ne faut se perdre qu'à moitié si l'on veut retrouver un bon chemin.

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Quand on a un balcon, pourquoi ne pas s'y montrer? A-t-on peur qu'il s'effondre?

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La pensée aime une tête qui la lâche pour se poser, quelques instants, sur un coussinet musical.

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On ne décortique pas, me disait un philosophe en train de se chausser, le réel comme l'on décortique une crevette. Devais-je acquiescer? Se moquait-il de moi?

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N'étranglez pas votre gousset en consommant avidement de l'art, la saison n'excuse pas l'excès.

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Comment faisait-on jadis pour être à la page? -En distinguant bien une marge de droite d'une marge de gauche!

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S'il est des questions qui n'appellent pas de réponses ce sont celles que je me pose à moi-même en regardant en arrière.

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Un ermite qui campait sur le Pic Canigou et dont je ne soupçonnais pas l'existence m'a prêté un tapis volant pour que je puisse voyager facilement, aller d'un point à l'autre et connaître enfin mon département que l'on disait jadis béni des dieux et protégé par des fées, mais ça c'était avant -vous le savez aussi bien que moi. J'ai toutefois tenu compte de l'aide de l'ermite. Dès que j'ai prononcé le mot d'accord quelque chose s'est déroulé devant mes pieds, c'était le tapis. J'ai posé mes pieds sur lui, ma foi c'était plutôt doux et confortable. J'ai vu que le tapis s'élevait, j'ai craint d'être déséquilibré, et me souvenant du héros d'un conte oriental, j'ai refusé de jouer au conquérant qui, debout, affronte les mondes inconnus, non, je me suis assis en tailleur ou en yogi -c'est selon, m'avait dit mon professeur de maintien. Le tapis confirmait à mes fesses la douceur qu'avait déjà ressentie mes pieds. Et le tapis était parvenu à s'arracher au Pic Canigou, sans trop de difficulté, j'avais achevé une cure d'amigrissement qui ne pouvait qu'être à mon avantage et à l'avantage de tout ce qui me touche, de près comme de loin. Je n'étais pas léger comme une plume, si tel avait été le cas, je n'aurais pas écouté le conseil de l'ermite, j'aurais simplement attendu un souffle de vent. Bon, le tapis volait, planait, prenait ses aises dans les airs que je me régalais d'aspirer par tous les pores de mon corps, le vrai, le rêvé, celui dans lequel on me voit et celui dans lequel on ne me voit pas. Le tapis, sentant que je l'avais à la bonne, se divertissait et jouais, nous jouions, il taquinait les nuages, en pinçait certains, en traversait d'autres, mais il préférait toujours planer dans le bleu, il y respirait mieux. Quand, je m'étonnai que nous puissions ainsi voler, sans ailes, vents ni carburants, il me répondit je n'en ai nul besoin, je compte uniquement sur moi, sur ma force intérieure et sur l'injection d'optimisme que je dois à notre pote l'ermite. Je n'avais pas réellement la réponse que j'attendais mais je me suis dit le tapis volant, c'est bien lui, et il doit savoir parfaitement ce qu'il fait ou doit faire, même s'il peut, coup à droite, coup à gauche, un peu plus haut, un peu plus bas, j'accélère ma course, je la ralentis, je me hausse, je m'abaisse, à un moment j'ai perdu confiance, j'ai même cru qu'il me préparait un mauvais coup, il a feint de se retourner pour me renverser et me lâcher, parachutiste sans parachute, mon coeur a battu plus tard, j'ai fait hou et ouf! le tapis volant, satisfait de ma petite peur, avait repris sa position normale et filait au devant de lui au rythme d'un tapis volant remis en état depuis peu, par l'ermite du Pic Canigou. J'ai eu l'impression -mais avec les impressions il faut s'armer de beaucoup de prudence- qu'il descendait vers la plaine et qu'il se dirigeait, par-dessus les monts et les vallées, vers la mer. Si c'est la mer, chouette, me disais-je, je lui dirais de me poser sur une de ses plages et de m'attendre, oh! un tout petit quart d'heure, le temps de mettre ma tenue d'Adam et prendre un bain, de saler le bord de mes yeux et de me débarrasser de mes angoisses de voyage. Le tapis fit mine de ne pas m'entendre, il est vrai que la communication entre un tapis volant et moi (moi? mais qui suis-je? que suis-je? et qu'est-ce que je raconte la?)qui ne vole pas, est des plus malaisées, invraisemblables, stupides. Cependant je n'insitais pas, je me laissais emporter, et surtout je ne bougeais, car j'avais cru percevoir (dans les airs notre perception s'aiguise d'elle-même) que mon attitude molestais quelque peu le tapis, je restais pourtant en tailleur ou yogi (c'est selon!), et il était de plutôt bonne diplomatie de ne pas le contrarier, l'agacer, de ne pas le courroucer. Il parviendrait bien à quelque bon port, et à ce port autant y arriver en pleine maîtrise de son esprit et de son corps, pour pouvoir avec profit le visiter: rendre visite à des amis ou de vieilles maîtresses, en éviter d'autres, de renouer avec la rouille des bouillabaisses de tes dix-sept ans et d'en goûter d'autres, comme ce fumet de boules de picoulat dont lui avait parlé Marcel, le berger des Blancheurs Éternelles et qui à présent le taquinait.  Je m'aperçus, alors, que le tapis se prélassait, comme s'il faisait une sieste,  au-dessus d'un vaste plan d'eau. Non ce n'était pas la mer, mais quelque chose (difficile à décrire lorsque l'on n'a pas la faveur des muses) qui lui ressemblait. Je crus comprendre, dans une légère secousse, que le tapis qui reprenait sa marche aérienne, me disait tu vois Momo, là-dessous, c'est ce que l'on appelle un étang, oui  étang, pas la mer, et sais-tu ce que je vais faire, et bien Momo je vais te déposer dans cet étang connu sous le nom de Salses-Leucate, où nous sommes convenus, l'ermite du Pic Canigou et moi, tapis volant, maréchal de tous les tapis volants d'active et de réserve, de te larguer. C'était donc l'étang de Salses-Leucate, une merveille parmi les merveilles aquatiques, m'avait dit Marcel, le berger des Blancheurs Éternelles, qui ne l'avait jamais vu, de ses yeux vu, mais dont il avait entendu parler bien des fois. A présent le tapis frôlait presque le ras de l'eau -pourquoi pas le ras de l'eau, il y a bien des ras de terre?- et je savais que le voyage était fini. J'ai regardé au plus près. J'ai repéré, dans l'entrecroisement des reflets qui tombaient du ciel ou qui y remontaient, une embarcation, oh! bien modeste et frêle embarcation, comme on en voit dans des poèmes, mais elle était au milieu de l'eau, oui bien plus frêle encore que dans le plus faible des poèmes, elle devrait me suffire, il fallait que je m'en contente. Le tapis a arrêté de voler, il a tressauté, tressailli, comme un tamis mécanique, pour me secouer et me verser, se débarrasser de moi. J'ai chuté, oh! je ne suis pas tombé de bien haut, mais j'étais dans l'étang qui n'est pas la mer, mais lui ressemble étrangement même si son goût est plus fade. Le tapis s'est remis à voler et de plus belle, il s'est élevé, peut-être m'a-t-il fait un signe d'adieu, mais je n'ai rien su. Là-haut dans les nuées, il doit filer tout droit, il doit rebrousser chemin, direction le Pic Canigou pour y retrouver son ermite de maître? Je venais de comprendre, mais il était bien trop tard, que j'avais bien mal apprécié la distance du point de ma chute à l'embarcation salvatrice, et... je fis donc et plouf et plaf-plaf, de l'eau jusqu'au cou, je me débattis ne sachant pas vraiment nager comme un Manaudou et, ce qui  ne pouvait qu'arriver arriva et sonna o'clock, ainsi je me noyais, et je dois m'arrêter d'écrire, n'ayant plus de tripe imaginative ni de force manuelle pour le faire. Gloup! gloup; gloup! C'est fini.

L-A. BSURDE

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