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Met Barran
8 novembre 2014

Une plaque Louis Prat

En juin 1947, la Ville de Perpignan baptisa une allée transversale, arborée et piétonne des environs du square Bir-Hakeim du nom du philosophe Louis Prat. A hauteur du Park-Hôtel du boulevard Jean-Bourrat avec dans sa frontale perspective la place Molière et son escalier monumental. Une nouvelle plaque "Louis Prat" doit y être apposée. Tous les gestes de reconnaissance collective, institutionnelle et associative, sont bienvenus. La mémoire populaire ne s'en lassant presque jamais. Quelques mots cependant sur ce Louis Prat, dorénavant voisin du Park-Hôtel qui, de son temps, était sans doute encore connu par cette expression restée mystérieuse de  "La Font del Gat"

Né à Foix en 1861, décédé à Prades en 1942. En 1882, fait la connaissance de Charles Renouvier (1815-1938), son aîné de 46 ans dont il devient le disciple et avec lequel, de santé fragile, il vient "aux eaux" à Vernet-les-Bains, dans les Pyrénérs-Orientales. Prat se voit nommer en 1889 -il a 28 ans- Professeur de philosophie au collège de Perpignan, où vient le rejoindre Renouvier, âgé de 74 ans. Il y enseignera jusqu'à sa mise à la retraite. Dix ans après, en 1899, les deux philosophes s'installent à Prades. Renouvier s'éteint à 81 ans dans la capitale du Conflent le Ier septembre 1903. Renouvier et Prat, proches en pensée et éthique de la connaissance, s'ils ont mené quelques travaux ensemble, ont, cependant développé chacun une oeuvre spécifique, singulière. Louis Prat, en particulier, dans foulée de sa thèse (Le caractère empirique et la personne) présentée en 1905 à la Sorbonne. Mais aucune biographie de ce philosophe de L'harmonisme ne néglige ni l'intérêt qu'il eut pour la musique et sa beauté et Pau Casals, l'émigré de Prades ni pour le catharisme dans l'adn -dirait-on en un raccourci moderne- de ce gavatchou de l'Ariège, un intérêt que ne manqua pas d'explorer l'occitan René Nelli, auteur notamment d'une Érotique des Troubadours. Le nom de Prat attire vers lui celui de Han Ryner, également philosophe, avec de profondes racines familiales en Roussillon, quoi que né en Algérie et grandi en Provence. Ryner appréciait le maître, car il avait été, lui aussi, professeur, autant que l'élève, respectueux mais  émancipé du grand Renouvier.

Voici un "signe" de cette proximité de pensée entre Prat et Ryner (nom d'état-civil Henri Ner). Il est cité, en note par Han Ryner, dans l'introduction pour son livre "L'Individualisme dans l'Antiquiré (Histoire et Critique)", éditions l'Idée libre (1924), enfin réédité  dans les "Actes du colloque Han Ryner" (2002/3) (C.I.R.A. et les Amis de Han Ryner).

-M.Louis Prat, qui ignorait aussi mon effort, a publié en 1923 un livre profond et équiilibré, La Religion de l'harmonie, où la pensée est souvent voisine de la mienne"

Afin de révéler la saveur de la pensée pratéenne, voici un poème tiré justement de L'Harmonisme, ensemble de Poèmes philosophiques néo-cathares (emprunté ainsi plusieurs autres informations à belle édition 2001 Lacour-Rediviva de Nîmes). C'est le poème qui se trouve à la page 75, numéroté LXXII et intitulé " "LA VIE BELLE"

"C'est par une harmonisation de toutes les volontés raisonnables que pourrait être, sinon réalisée, du moins conçue et définie, la vie humaine, la vie belle.

La vie belle ne serait-elle pas en même temps la vie heureuse? Ouvrière de vérité et de beauté, une âme raisonnable voudrait être encore ouvrière de joies nouvelles. N'est-ce pas une joie, très haute et très pure que la contemplation de la beauté?

Elle va toujours de l'avant, courageuse et gaie, l'âme raisonnable. La souriante gaieté est sa vertu essentielle. Le sage, dit Han Ryner, a vaincu la tristesse. Il va joyeux à la découverte de la beauté. Il va...jusqu'au jour où ses forces le trahissent".

xxx

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