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Met Barran
10 novembre 2014

De "soulelh" et de "politiquo"

Chacun d'entre nous, qu'il le cache ou non, a sa petite bible, qu'il prend dans ses mains et ouvre pour se purger de quelque excès intellectuel ou de quelque péché gourmand, car chacun, vous, moi et tant d'autres, avons besoin de cette petite bible, qui ne ressemble guère à la grande, dans tous ses tomes, mais elle aussi a ses psaumes, pardon ses historiettes, il arrive bien souvent que cette petite bible soit dans une langue que seuls les plus de cent ans (j'exagère à peine) peuvent connaître, pour avoir été châtiée par une francisation galopante, et ses psaumes, nous ne visons que les plus drolatiques de ses historiettes, avant-hier, voilà longtemps populaires, dans des langues mortes, tombée en désuétude ou... en sursis, et ce matin, de bon matin comme le dit une chanson, j'ai ouvert l'une de ses petites bibles jamais loin d'une poche de mon veston quand, bien sûr, j'en porte un, retour du pressing", cette biblette "Catinou et Jacouti. Foutralados de Minjocebos" de Charles Mouly (merci à Loubatières), s'est ouverte, magie d'un jour d'automne ensoleillé sur ce psaume (ne vous formalisez pas, c'est manière de parler, rien d'irrévérencieux dans la manipulation de ce mot magnifique) :

"Un soulelh coumo s'en vei pas

Dempèi de meses fasio un calimas del diaple, que mèmes las sarnalhos crevabon de pepido. Aquel joun, al mercat de Frettocoquos, lou mounde parlabon res que d'aquo.

-Ah! Paure mounde! ço disio l'un. A Paldemil abèm uno secado, la pus tarriplo que se posque veser. Cal dire qu'abem un soulelh que nous roustis tout...Un soulelh coumo s'en vei pas en loc.

-Bietaze? coupo un autre que venio de Tirobingos. Lou soulelh es pertout parèlh! Per tant que tuste a Prldemil m'anatz pas dire que n'abetz mai que nous-aus...

-Voulez rire! repliquo lou premièr. Bous disi qu'abèm de soulelh coumo n'i a pas en loc...la probo? N'abèm mèmes a l'oumbro!"

Et mis en appétit, lequel comme le répète la sagesse populaire vient en lisant, je grignotais page après page pour me délecter de ce trésor de l'oralité occitane (dont ne tintent plus guère les clochers d'Oc) de

"En marlant poulitiquo

Coumo de coustumo, lous omes, ramousats al Cafè de la Plaço, parlabon poulitiquo:

-Aquo's tout de mèmes tarriple, ço dis tout un cop Janisclet, de pensar que i a tantis d'inoucents que coumprenon res de res als affars de la poulitiquo!

-Oh! repliquo lou vièlh Jousèp. Aquo's encaro pus tarriple de pensar que i a al mens autant d'imbeciles que ne parlon coumo se li coumprenion qui com!"

Après ce psaume je m'arrêtais de lire car on me faisait savoir dans langue des signes que là-bas, en Catalogne, dans une consultation qu'il ne faudrait pas ranger trop rapidement dans les chefs d'ouvre de la commedia dell'arte, 80 % de votants s'étaient prononcés pour l'Indépendance (traduction: la séparation d'avec l'Etat espagnol). J'ai salué la mémoire de Charles Mouly et rangé ma biblette. Qué biblette! mais c'est le très proustien et sonore Temps retrouvé du Sud-Ouest.

Janot Theux

xxx

 

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