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Met Barran
25 novembre 2014

Musée des instruments de musique

Les tiffeurs sont dans ville. A ras du sol ou haut-perchés. On les voit dans les parcs, sur les bords républicains des rivières, ou le long de canaux restés royaux, dans les jardins et les promenades. On coupe? La coupe, basse ou haute? Arrondie ou carrée? Je rase tout ou dégage à peine. Un peu hirsute, et les pattes? Le cliquetis s'affaire, ça vrombit aussi. Ciseaux, coutelas, et tronçonneuses en font à notre aise -mais gare à l'emabrdée et au gâchis. Les branches craquent, les feuilles tombent comme des cheveux et s'allogent sur le sol en toison. La ville s'éclaircit, on dirait que l'on hume et ressent la fraîcheur d'un air de nouvelle saison. Les tiffeurs sont là, si bienvenus pour la belle esthétique de nos capitales.

Le gros chat noir, sur le capot de sa blanche voiture, n'a pas daigné, ce matin, me saluer, tout occupée qu'était sa patte droite à faire sa toilette. J'espère que demain, le propret matou, me saluera.

Si tu te tires de ta bicoque, craque tous les liens pour ne pas te mettre en danger d'être par l'un d'entre- eux rappelé à elle.

Des mots, toujours de mots. Un lotissement de mots. Voici ce que suscite tout débat sur la culture, populaire ou pas, dans une grande métropole comme dans une moindre localité, en temps de fortune comme en temps d'infortune. des mots, encore des mots...Depuis quarante ans et plus, le discours culturel souffre de rhumatisme articulaire. J'ai dit, Hugh!

A chacun son bonheur, le sien était de voir son portrait dans les journaux à l'occasion tel salon du livre ou tel festival littéraire -appréciez la nuance! Peu le gênait d'y paraître dans un cliché avec un tassement soviétique du menton.

Il y a parfois près de chez nous une merveille que l'on ne connaissait pas et que l'on se doit, une fois que l'on a goûté par chance  de cette merveille, de le faire savoir autour de soi, sans la vanité d'un évangéliste attardé. Gens de Reynés, de Saint-Jean Pla de Corts et de Maureillas, gens d'ici et d'ailleurs, par-delà les mers, et les montagnes, peuple de ce joli système solaire, sachez-le, il y a, tout près de chez vous, à Céret pour ne pas vous le cacher plus longtemps, un musée des plus singuliers, d'une richesse étonnante bien plus étonnante que celle d'une musée chasse-pêche-traditions, et d'une beauté éblouissante sans effets spéciaux hollywoodiens. Ce musée -rare parmi les rares- est consacré aux instruments de musique... A des centaines et des centaines d'entre-eux. Des matières, des objets (oeuvres d'art dans la plus parfaite définition manuelle), des origines: tout, on le sait bien à présent, l'ânerie a été éventée, n'est pas né en Méditerranée. Des objets comme des monuments, des stèles: une statutaire pour l'ouïe. Ici des sonorités au repos sont plantés, posés, assemblés, installés par groupes comme dans des galeries d'art contemporain, ou des somptueux magasins à jouets. Ici les silences des "habitants" jouent avec la lumière qui vient à eux les éclaire, les colore, les parcourt, les enveloppe de mystère. Collections précieuses... Non pas (r)amassées comme des trésors pillés, fruits de cavernes d'ali baba destinées à la frime. Non pas dotées de catalogues pétaradants d'érudition. L'humilité sait être vertu pédagogique. Collections précieuses (inestimables!). Elles témoignant de l'âme festive des hommes et des femmes, des populations d'hier, d'avant-hier et, même, d'un temps que les moins de mille ans ne peuvent pas connaître. Collections, régionales et historiques, d'instruments qui semblent les mêmes, mais sont tout autres, qui, cependant, quelquefois se ressemblent dans le rite sacré ou la circonstance profane, parce que la main et l'imagination des hommes savent inventer ou corriger ce qui, par les doigts et les lèvres des musiciens, doit sonner du mieux possible à nos oreilles. Collections réparties avec soin, rez-de-chaussée et premier étage, en plusieurs salles. En chambrées d'instruments, en cellules de pupitres. Toutes exposées et scénographiées pour exalter des bijoux, et ces instruments (n'en donnons pas aujourd'hui la nomenclature) sont, dans leurs cages en verre, d'authentiques joyaux, auxquels ne manque que la parole. Mais le son viendra, c'est promis, on travaille à la bande! On aimerait bien les tenir en main, y laisser courir nos doigts, en taquiner le clavier; on aimerait les approcher de notre bouche, en essayer l'anche, y tester nos poumons. Oui, on aimerait les arracher à l'obsolescence qui les a figés, comme des échantillons de culture pour leur redonner une vie de place, de salon, de liberté around the world...Mais, pas touche, ni au plus moderne, ni au plus archaïque! C'est de bonne guerre, bijou de famille, ou pas. On ne chaparde pas un étal d'oranges ou le bas de laine de sa grand-mère. Mais, pourquoi, pour notre seul plaisir, ne pas imaginer que quelques instruments brisent le verre de leur auguste demeure -certains n'ont-ils pas bon bec- et s'assemblent en bandes ventrues ou sveltes avec des collègues, évadés d'autres munificentes demeures et nous apprennent (avec souffle, doigté, énergie et rythme) les pays d'où ils viennent, leurs musiques. (On dit que c'est ce qu'ils font, la nuit, entre 1 h et 2 h.). L'instrument de musique vecteur d'une anthropologie multiculturelle autant qu'universelle. L'instrument de musique ce sésame en bois et métal de nos émotions. Ce musée appelons-le tout simplement "MÚSIC". A deux pas de la place Picasso et du Musée d'Art Moderne.

J.-E. SOHN.

xxx

 

 

 

 

 

 

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