Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Met Barran
14 décembre 2014

Voyelles

Les voyelles sont des êtres très fragiles. Il suffit d'une légère brise pour les retourner et nous montrer ce que, sans cette fragilité soulignée, nous n'aurions jamais su d'elles. Prenez ce mot, oh! un mot tout simple, bien ordinaire, très courant, tellement courant qu'il s'essouffle de plus en plus rapidement, le mot valeur, et a présent laissez souffler sur lui un légère brise et que voyons-nous, juste devant nos yeux, le "a" un peu secoué, beaucoup ébranlé, passionnément tourneboulé, et combien méconnaissable en ce "o", inattendu -nous le pensions, on avait du jadis nous l'inculquer (entre un "a" et un "o", il y a une distance si grande que même Léonard de Vinci au secours des meilleurs des astrophysiciens n'aurait pu la mesurer). Et, alors? Oui, je sais. Cela vous énerve de ne pas voir où je veux en venir ou, plus exactement, vous craignez que je vous mène en radeau sur quelque île de la dérision. Tout doux, mes petits-frères, je n'ai pas le goût de berner celles et ceux qui m'accompagnent... cette histoire que j'appelle -il faut bien nommer les choses pour les faire exister, même si la télévision ne nous l'enseigne pas- de voyelles et de brise, il n'y a rien, spéculativement et ludiquement, de plus sérieux ou, pour le moins, elle contient quelque chose qui devrait harponner les gens sérieux, celles et ceux qui se prétendent tel (e)s, comme vous et qui, de temps à autre, mais moins souvent que je ne le souhaiterais, me le font savoir par la ponte et l'envoi de très verdâtres courriels, il n'y a rien de plus sérieux, dis-je pour la deuxième fois, parce qu'il suffirait qu'un désargenté des neurones, amoureux de cette danse des voyelles menée par la légère brise, changeât le "a" du mot valeur par un "o" pour que l'on découvrît (ne despérez pas: il y a chaque jour quelque chose à découvrir, ce qui n ous permet de thésauriser sans complexes) le beau pot aux roses de la catastrophe linguistique, tous yeux ébahis d'abord, effarouchés ensuite, presque exorbités enfin, comment ce gentil mot de valeur s'est transformé en un molt beaucoup moins rassurant (gare à vos poches, vitrines, étals et autres coffres!), et que voici, notez-le, je le dirai une fois et je ne le répéterai pas trois fois comme dans le gospel du mea culpa, je dis donc voleur. Valeur Voleur. Moralité: Les voyelles étant fragiles, laissons-les tranquilles. Mais, Monsieur, si je pars de voleur j'obtiens au final valeur, non?

xxx

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Met Barran
Publicité
Archives
Publicité