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Met Barran
23 décembre 2015

FOSSA... & les Turcs

Dans plusieurs lettres François de Fossa fait allusion aux Turcs de son temps, preuve de leur prégnance dans l'imaginaire d'un européen du début du XIX° siècle. Voici les fragments de correspondance qui les concernent avec des annotations qui nous sont personnelles (en cours).

De Cadix, le 19 juin 1807.

 

"C. va me charger jusqu'à Figuères 2 d'un gros caifson d'argenterie et de deux malles appartenant à Anglade: cela m'est afsez égal: le carrou 3 sur lequel je partirai portera tout cela à tant par arrobe4, il m'est indifférent que la charge appartienne au grand Turc5 ou au Sultan d'Egypte6. C'est toujours un service que je rends à c. Et il me donnera l'argent nécessaire pour en faire les frais".

 

1. Cette initiale "c" renvoie à Canclaux. La mère de ce Canclaux, sous consul de France à Cadix, habite Estagel-Perpignan et est une amie de Thérèse Campagne, la soeur de François.

2. Jusqu'à Figuères...Fossa qui a alors le désir de se rapprocher de Perpignan a demandé à être "agrégé à la place de Figuères" dont il recevra le" brevet" à Cadix, avant le 21 juillet 1807.

3. C'est l'un des rares noms catalans (moins d'une dizaine) que l'on trouve dans l'abondante correspondance de Fossa.

4. AROBE, ARROBE, ARROBA, subst. fém.
Ancienne mesure de poids (variant de 11 à 15 kg) et de capacité (valant de 10 à 16 litres), encore usitée en Espagne, au Portugal et dans plusieurs pays d'Amérique latine. Le mot provient de l'arabe ar-roub signifiant « le quart"

5.  C'est le titre que les Chrétiens donnaient aux sultans ottomans. Le 29 mai 1807,  Sélim III a été déposé par son cousin Mustafa IV. Ce dernier sera lui-même courant 1808 déposé et assassiné. Son frère Mahmoud II, lui succédera (1808-1839).

6:  Le sultan d'Egypte est depuis 1805 Méhemet Ali. Il devait le rester jusqu'en 1848. Il est le fondateur d'une dynastie qui va se maintenir au pouvoir jusqu'à Nasser.

 

De Valladolid ou de Vitoria, le 8 juin 18131

 

"je ne suis point esclave: nulle autorité dans le monde n'a la faculté de me priver du droit imprescriptible de disposer de ma personne, ni de celui qui est encore plus sacré d'augmenter mon bien-être. Si je le trouvais en Turquie2, ce serait en Turquie que je me fixerais."

1. A Vitoria, le 21 juin, le général  Wellesley va défaire l'armée française du Maréchal Jourdan dont Charmont est l' aide de camp.

2. Une Turquie, sans doute ressentie comme le bout du monde et le pire des régimes. Fossa laisse ici transparaître un puissant individualisme libéral. Mais ce sont les événements qui vont disposer de son sort le forçant à suivre la retraite des troupes napoléoniennes. Le traité de Valençay (19-11 octobre 1813) entre la France et l'Espagne reconnaît Ferdinand VII comme souverain d'Espagne.

 

De Paris, le 21 septembre 1814

 

"Point de pardon général en Espagne et je doute que les réfugiés qui ont le sens commun se contentassent d'être pardonnés. Quand ils obtiendraient d'être blanchis comme neige, je n'ai plus de mon côté rien de commun avec eux. L'Espagne gouvernée à la turque par un despote, imbécile, avec son inquisition, ses moines et tous ses préjugés civils et religieux, est devenu l'objet de ma haine et de mon mépris. Maintenant que je suis rentré dans mes droits de français je ne changerais pas cette qualité contre celle du Visir Macanaz1. Je crois qu'avec le tems les réfugiés seront rappelés, que leurs biens leur seront rendus, mais ils ne cesseront pas d'être en butte aux injures d'une populace barbare, ignorante, que les sbirres du Gouvernement actuel se plaisent à égarer de plus en plus".

1 Melchor de Macanaz (1670-1760). "Macanaz, fiscal du Conseil de Castille  avait porté un mémoire à Philippe V sur la nécessité de diminuer les énormes abus de ces immunités ecclésiastiques;",écrit Voltaire. 

 

 

 

De Paris, le 23 octobre 1814.

"je crains bien que les réfugiés espagnols ne rentrent que très tard dans leur patrie et surtout dans la pofsefsion de leurs biens. Le grand Turc1 n'est pas plus despote que Ferdinand2; celui-ci ne reconnaît d'autre loi que son caprice3: l'autre a au moins un Divan4 qu'il respecte et qui entrave un peu ses actes arbitraires. Les Ministres espagnols, tout en ramenant ce malheureux pays à l'ignorance du moyen âge5, ignorent l'art de gouverner; ils n'ont pas le sou, et leur avidité, ainsi que leur défaut de délicatesse leur fera faire main bafse sur les biens de ceux qui se sont comportés mieux qu'eux, quoique d'un parti différent6."

1. Mahmoud II.

2. Ferdinand VII est revenu en Espagne, ayant passé la frontière le 24 mars 1814. Royaliste sincère, Fossa qui croyait en la  légitimité de Ferdinand avait ponctué une lettre à sa soeur, Paris, le 30 mars 1814, par ces phrases: "Reste à savoir si le parti démagogue lui laissera assez d'autorité pour le faire; s'il a le dessus, je ne vois point la révolution finie dans ce malheureux pays."

3. Le caprice qui n'est pas encore l'absolutisme mais un de ses symptômes.

4. Un conseil de gouvernement.

5. Le 13 mai 1814 Ferdinand VII a rétabli la monarchie absolue et l'Inquisition.

6. Fossa fait allusion aux "afrancesados" et "josephins", comme Miguel Joseph de Azanza,.son protecteur.

 

xxx

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