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Met Barran
5 septembre 2016

L'offrande à Jean Labellie

Si je vous dis qu'un dimanche à 17 h dans un jardin balcon d'Eus face au Canigou et dominant la plaine de Prades, on peut régaler une coquette assistance de près d'une centaine de personnes en lisant "la ralentie" du grand Henri Michaux et que cette lectrice est la grande comédienne belge  Monique Dorsel, venue tout spécialement de Bruxelles pour La circonstance, je sais, je sais, vous ne me croirez pas. Un quatre septembre, cela ne peut être possible! Et vous me croirez moins encore, si je vous dis que dans ce jardin- balcon, à l'ombre d'un figuier et d'un tilleul, nous eûmes le plaisir d'entendre... des merveilles, qui sont bien autre choses que des paroles. Mais, où étiez-vous donc, me demanderez vous, oui, en quel théâtre, dites, et de quel "rézo" faites-vous partie pour être si bien informé d'un si bon coup de culture (à vous lire). Et oui, c'est comme ça, c'est fait...et ne vous fâchez pas même Rimbaud et Jorge Luis Borges  y avait leurs légations. Sacrée matinée dominicale, entièrement dévolue au verbe et à la musique qui sonnent juste! ! Sacrée dédicace au grand peintre Jean Labellie (1920), l'homme des chemins et des mondes. Nonagénaire aux anges, en son aube de modestie et son regard hospitalier, étonné de se découvrir ainsi admiré et choyé, en ses murs mêmes, au soir d'un long et fécond parcours. Il est des gens, on l'a vu, qui savent bien préparer les choses. Des gens au talent sûr et dont on sait qu'ils portent le coeur toujours en légion d'honneur... Ils étaient combien, rangés devant le public?...Quel "plateau", en tout cas! Le théâtre Le Grenat ou un théâtre grec quelconque à lentour l'eût-mérité... si, à tout le moins, il croyait dans les moments de veille dans les esprits du lieu. -But that's another story! C'est donc à Eus que nous étions allés.  Eus, ce beau village qui agrippe ses maisons à un solide moyen-âge dont l'entrelacs des ruelles pentues ne composent un labyrinthe que pour celui qui ne veut pas se souvenir, savoir et donc servir la fraternité nécessaire de l'aujourd'hui. (L'inextricable est l'alibi des  bras croisés.) Il y avait là, des visages connus, d'autres seulement entrevus. Côté musiciens: Gérard Meloux et sa guitare, Jean-Paul Sire et son accordéon, Michel Maldonado et sa contrebasse, Nilco, sa guitare, sa jeunesse et ses belles chansons tendres et réactives. Il y avait...mais si, le comédien Charles Gonzalez (que l'on voit de plus en plus avec sympathie sur nos scènes locales) et cette voix qui claque au vent et hèle les significations les plus profondes de la chair des textes. Excellent dans tout ce qu'il a lu, d'amical ou d'institutionnel, mais proprement souverain dans le rappel rimbaldien que "la main à plume vaut la main à charrue". Oui, c'est çà, c'était dimanche dernier. Aucun faux culte, mais une offrande pour signer une vénération...Il faisait très bon dans le jardin-balcon de Jean et Jeanne Labellie, identiquement émus. Une heure inoubliable... Où l'on n'avait pas oublié de faire entendre, délicatesse de l'hospitalité non formelle,  par la voix de la chanteuse Gisela Bellsolà, le catalan des voisins de la cité d'Ille-sur-Tet, celle du poète Josep Sebastià Pons et de la poétesse Simona Gay, sa soeur. Une langue qui, pour le cantalou d'Aurillac, épris depuis 1970 de Conflent et de Catalogne, ne manque ni de charmes ni d'émotions, surtout quand s'élève le "cant dels ocells"... Pouvait-on espérer un plus beau trait- d'union entre la peinture et la musique, entre Eus et Prades? Une union scellée sous les yeux même du Canigou et applaudie par une assistance ravie. Le rendez-vous n'était pas ordinaire. Cependant il fallait y être bien présent assis ou debout pour goûter tout l'extraordinaire de cette matinée de grâce (non il n'y a là aucun excès de langage!), de cette pochette-surprise (soyons plus prosaïques si vous le souhaitez) imaginée par l'association "Les amis du peintre Jean Labellie" et les organisateurs du  Festival "Nits d'Eus", deux entités qui ont irrigué de nouveautés la placide Tet. Une pochette -surprise dont le diamant a été une batlle de sonnets de Stéphane Mallarmé entre Charles Gonzalez et...Jean Labellie, l'homme aux yeux si perspicaces et à la mémoire si bien armée, en vers et en galets. Réunir Michaux et Mallarmé à Eus, c'était à faire. Il n'y a pas que Jacques Canetti ou Boris Vian  qui ont battu des mains. Un grand merci à tous et à toutes.

xxx

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