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Met Barran
26 août 2013

Pêche au gros

Une colombe, appelons la Irène,  s'est hissée sur la plus haute des cîmes de tous les mondes connus, et après six battement d'ailes pour trouver son équilibre et sa tribune, elle a crié: "Oyez! gens d'en-bas. Cessez vos querelles! Cessez tous les carnages!" Et puis, cinglante comme l'éclair, une avalanche l'a saisie par le bout de ses pattes et elle l'a englouti, adieu belle colombe! Et depuis un petit vaisseau de paix, se promène et tangue dans les airs sans jamais parvenir à trouver terre, et longue vie sur terre. A cause de ceux d'en-bas, tous ces incapables dompteurs d'avalanche, ces destriers du "courage fuyons", ces siffleurs poseurs de fraternité à deux balles, ces chantres du grand buzz carnivore, ces saltimbanques de la liberté avec ou sans barbe, avec ou sans voile, ces pince-sans-rire de la démocratie qui se dégonfle, ces clébards du va-t-en guerre, ces molosses qui disent" chiche!", ces industriels de la mort-aux hommes, ces obtus de la diplomatie qui mise, ces pervers de la banque qui gagne,  ces ivrognes du "ce n'est qu'une question de jours", ces maîtres-queues du "je n'y suis pour rien" (l'un agite le goupillon, tandis que l'autre dégoupille et qu'un troisième filme). Les voilà, les fauteurs d'avalanches!  Les voilà, les empêcheurs d'aubes nouvelles! Et cependant une nouvelle colombe, appelons-la Irène,  s'élance. Elle a vu la plus haute des cimes de tous les mondes connus. Elle vole, vole à grandes ailes, très grandes ailes. Vers elle, la plus haute des cimes, son bec serrant Le Message.

Dans notre mémoire comme dans tout cimetière digne de ce nom, il y a au moins un grand trésor caché.

Les publicitaires étant des assécheurs de sources poétiques, il faut vite en appeler à de nouveaux sourciers puisatiers.

Seul, on porte mieux l'anonymat.

L'esseulement c'est bien, l'affoulement aussi. Mais, dans l'un et l'autre cas, il y a des limites. L'esseulement peut faire dégringoler dans l'ennui, quant à l'affoulement il peut vous étouffer en moins de deux secondes.

J'ai interrogé un philologue métaphysicien mais il n'a pu répondre à ma question, cette simple question que comme moi vous n'arrêtez de vous poser en attendant le tramway ou l'arrivée de votre médecin. De la haine et de l'amour quelle est la passion qui enrichit le plus nos patrimoines littéraires?

Ceint de son écharpe de nostalgie des lundis, il écrivit "te souvient-il, m'amie, de ces lettres que nous échangions, toutes écrites avec ce crayon dont nous mouillions la pointe pour que les mots soient plus vrai, plus près de nos lèvres."

Il est incontestable que quand quelqu'un confond des claviers avec des percussions, m'écrit  un joueur de violon qui fut naguère un bon voisin,  il y a quelque chose d'étrangement pourri dans les royaumes de la connaissance et de la reconnaissance. Cela n'empêche pas, les orchestres de jouer, mais tout de même, avoue qu'il y a là, manifestement, une preuve flagrante d' incompétence à juger.  Et, il est des gens comme celui-là qui ont la prétention de passer et que l'on laisse passer pour des critiques musicaux, laissez-moi rire et terminer de taper mes dix pages du rapport sur la dernière campagne de pêche au gros.

Il n'est jamais totalement inutile de s'interroger sur l'antériorité de l'oeuf sur la poule ou de la poule sur l'oeuf, mais moi je vous demande qui a pu à ce point se rapprocher d'une poule, devenir même cette poule, pour pouvoir claironner qu'il vient d'avoir " la chair de poule". Ah! tous ces gens qui parlent de ce qu'ils ne connaissent pas. La poule mais aussi le Paradis, l'Enfer, le Purgatoire, l'Apocalypse -j'arrête pour en pas être déplaisant?

Si j'étais architecte, je ne me permettrais pas de noircir de l'écran sans un plan. Mais je ne suis pas architecte personne ne m'a sollicité pour que je lui bâtisse un abri. Du coup j'ai un droit d'irresponsabilité (je ne dis pas, et notez-le bien un devoir, mais un  droit). Donc, je ne m'appuie pas sur un plan, je... comment vous dire, sans trop sophistiquer mon affaire...je vagabonde. Je me promène, corbeau ou serpent, je me planque dans les fossés, je fais trembler les roseaux, je saute des haies, j'arrache des buissons, je grimpe dans les arbres, je suis lapin et écureuil et quelquefois taupe ou loup.Et la nuit je collectionne des vers luisants, des larmes de lune dans les étangs, et des cris d'oiseaux qui ne me connaissent pas, et des fruits que je ne connais pas et qui sont d'une pureté nocturne. Si j'étais architecte, je serais sérieux, attentif et soigné. J'aiderais au confort. Mais je ne suis pas architecte. J'exerce donc mon droit d'irresponsabilité (je ne dis pas, et notez-le bien, un devoir, mais un droit). Je suis poisson belette et chat-huant à la fois.

 

Le souci, ce vieux laboureur des fronts et des mentons, s'est montré ce matin encore plus agressif qu'avant-hier, à la même heure.

C'était une haute tour classée. Il leva sa tête, la regarda. Serait-ce que son regard avait été perçu comme sévère, brutal, immérité, serait-ce qu'il l'ait vraiment voulu tel, comme pour la défier, la haute tour se précipita sur lui et n'en fit qu'une petite bouchée. On ne badine pas avec les Monuments Historiques! Qu'ils soient en marbre ou en brique, gare au parpaing qui veille!

Le courriel a modifié notre balistique de l'échange verbal. Il est des courriels plus cuisants que des mots.

 

Il venait d'essuyer en pleine rue un camouflet de première, un camouflet ardent, un camouflet dont la sonorité avec bloqué net la marche des passants dans les deux sens. Embouteillage d'incompréhension! Il domina le drame. Elle s'éloigna. Eux, comme de petits automates rechargés, se remirent en marche. Elle disparut. Il hâta le pas, prit une rue perpendiculaire et rejoignit en cette fin d'après-midi là pareille à de nombreuses autres fins d'après-midis pour des employés modèles, son domicile. Il prit l'escalier de son immeuble (l'ascenseur, il y avait dix jours qu'il était en panne, on promettait la réparation, personne ne se montrait). C'était une chambre de pasteur célibataire au septième étage. Il fouilla sa poche en retira une clef puis avec ce petit sésame en cuivre il ouvrit sa porte. Il était hanté par le possessif (mon, ma, mien, mienne) et ce tic consistant à y mettre audiblement l'accent chaque fois qu'il rencontrait du sien.  Il se dirigea la fenêtre, toujours entrouverte, autorisant ainsi, en toute saison un peu d'air et de clarté à pénétrer chez lui. Étrangement, cet après-midi là, il la referma, après en avoir rabattu les volets moins plaintifs que d'habitude. Il s'installait en intérieur, comme s'il éprouvait la nécessité de s'enfermer, le besoin de se retirer dans un sanctuaire, comme s'il avait voulu que sa chambre accentue ses traits de cellule. Il s'assit enfin devant son petit bureau, et je le vis de dos, moi la chauve-souris qu'il loge chez lui à son insu  depuis une semaine, et qui me souvient de la dernière visite qu'elle lui fit avec une robe outrageusement transparente. Ce dos qu'il me montrait ne ressemblait guère au dos du notaire, auquel enfant il disait vouloir plus tard ressembler, mais en vain, ni non plus au dos du comptable qui, à force de gâcher son jeu d'additions/ soustractions, avait mis sur la paille son père. C'était un dos assez passe-partout. Il était recouvert par un veste râpée qu'il n'avait pas cherché à enlever avant de s'assoir, comme s'il y avait quelque chose de plus pressant que de se mettre à l'aise, il était lui soi et l'on aurait dit, moi la chauve-souris, sa locataire, je dis qu'il était gêné, gêné dans la rue par ce camouflet qui s'était abattu sur lui, oui on peut comprendre, mais gêné chez lui (dans son" chez moi"), cela avait de quoi surprendre, même une chauve-souris. Du recoin de mon plafond d'où je ne voulais pas pour l'instant décoller, j'oservais de mon mieux la scène qui, vous le pensez-bien, ne se réduirait pas à une seule vue, pour aussi godardienne qu'elle serait, du dos d'une veste râpée. La tête de l'homme assis bougea. Son bras droit également. A son poignet, brillait une montre de pacotille. Pour moi la chauve-souris, il n'y a pas de rollex qui vaille, la pacotille est de qui donne l'heure la plus exacte. Il dédaigna de la regarder. Il se préparait à écrire. Il allait, comment dire, les humains vous parlez sans doute comme nous les chauves et les souris et nous utilisons le même mot, écrire. Oui écrire, et parole de chauve-souris qui a vécu des heures et des heures collée au plafond de dizaines d'écoles primaires et pu ainsi  suivre le laborieux mais palpitant, apprentissage de l'écriture, oui, c'est ça, bien écrire. La curiosité étant une qualité également de chauve-souris, j'ai pris mon envol, sans bruit -du moins sans bruit immédiatement identifiable comme vol d'une chauve -souris, j'ai quitté mon haut recoin, pour venir surplomber, comme l'aurait fait une grossière araignée électrique, la table une modeste petite table sur laquelle il y avait un sous-main vert avec une feuille blanche, il n'y avait pas de meilleur endroit pour le voir si bien s'employer à faire des lignes, des traits droits, des traits brisés, des traits ronds, des traits poivrons et potirons. L'homme assis et écrivant ne pouvait soupçonner la présence de la chauve-souris, ma présence, vous l'avez deviné. La chauve-souris, témoin numéro un et unique dans cette affaire, récit ou bilan, nous verrons sur le tard, celle grâce à qui on saura ce que l'homme assis (il se tire à cette instant le lobe de l'oreille gauche en y portant deux doigts de sa main gauche, le puce et l'annulairea), qui après qu'on l'ait vu de dos avec sa veste râpée, est vu à présent d'au-dessus avec son nez tuméfié par le camouflet, indique la chauve-souris dont les yeux égaient sa petite tête, oui, c'est grâce à elle -et elle triomphe déjà de sa performance- que l'on apprendra ce que -résumé-l'homme assis, vu de dos recouvert d'une veste râpée et au nef tuméfié vu d'audessus avait écrit. Après qu'il ait écrit mais il avait rondement mené son affaire, il ne s'était guère égaré en digressions, il était allé droit au fait, seul le résultat compte,.il s'est levé de son bureau repoussant en arrière sans ménagement sa chaise et d'un pas déterminé, de celui qui a la culture du pas pressé, il  s'est dirigé vers la cuisine. La chauve-souris rendu fiévreuse par son excès de curiosité et craignant de tomber malade, n'a pas voulu le suivre. Elle a préféré lire ce que l'autre avait laissé écrit sur sa feuille. De fait une page arrachée à un vieux livre de comptabilité. Tout en planant, je me suis abaissé sur le bureau, et j'ai remarqué, ajoute avec un ton de conviction parfaite la chauve-souris,  deux colonnes, la colonne de droite s'appelait Bérézina et la colonne de gauche Austerlitz. Ces deux noms m'étonnèrent, continua la chauve-souris, qui ne parvint d'ailleurs pas à les prononcer correctement, elle ne put énoncer que "Bé" et "Aus". On la pressait de questions. La presse avait été alertée sur un fait insolite qui intéresserait, c'est sûr, les lecteurs, spectateurs... et tous les morfalous de l'actualité. Notre homme, disons ce quidam, puisque la chauve-souris se refuse à nous donner son nom présentement dans la cuisine, avait l'étrange manie -héritée d'une dynastie de Don Juan déchus- de dresser, semestriellement, la comptabilité de ces aventures et mésaventures féminines. Ainsi, il inscrivait dans la colonne Bérézina -celle de droite-les échecs et et portait dans la colonne Austerlitz -celle de gauche- les succès. Drôle de comptabilité, pensa la chauve-souris qui venait de voir se lever le voile du mystère de l'homme assis qui écrit, oui, bien drôle de comptabilité, car chez elle ces choses là ne se mettent pas en chiffres. Elle poursuivit son expertise. La page visée faisait apparaître au bas de la colonne Bérézina, le nombre 50 et au bas de la colonne Austerlitza, elle vit le nombre, mais il est difficile de parler d'un nombre, lorsqu'il s'agit...la chauve-souris n'osait pas le dire mais elle dut s'y résoudre, c'est ça l'instance des journalistes..Elle leur lâcha:.0. Et  ponctua "Bé" 50  "Aus" 0. On dirait un score de rugby ou de basket-ball. Elle sourit, dispersa les éditorialistes et maréchaux des chiens écrasés, des poules volés et des ampoules grillées. Mission accomplie, elle s'envola pour aller se reloger dans le recoin de la chambre qu'elle avait faite sienne. Elle rejoignait son plafond, quand elle vit une silhouette qui passait la porte de la cuisine, c'était l'homme du camouflet ardent qui sortait. Il venait de se passer une peu d' eau fraîche sur son nez tuméfié. Il avait d'ailleurs pu constater que son nez n'était pas en péril. Que la main qui s'était abattu sur lui n'avait rien d'une serpette en folie. Il se rapprocha de son bureau et rangea le bilan chiffré des matches du semestre...

Destin: Mourir à Madrid et libérer Paris.

Bientôt des champignons, et viendront ensuite des pommes et des châtaignes. La belle saison approche, tu ne seras plus obligé de trimer comme un castor pour construire ton quotidien avec des brindilles de banalité.

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté". D'où tu parles, Charly?

xxx

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