Pain sec

Les petites maisons aux jardins arborés et fleuris qui bordent la rue Henri Nassans, juste au-dessous du Collège Beau Regard, m'enchantent.

Dans mon panthéon des arbres, aujourd'hui je fais rentrer à la sauvette le saule-pleureur, le bouleau, l'érable et le hêtre. Pour moi un sacré quintette!

A peine eut-il fini de griffonner sur une petite feuille "je t'écris du grand parc de l'Ile d'Ager", qu'il reçut cette réponse, cinglante: "Restes-y!" C'était du mauvais Prévert. A peine du Nabila!

Il nous arrive d'entendre et de rapporter des choses fort étranges, surprenantes, en tout cas. Comme celle-ci: "Les poules quand elles se déplument ne sont pas très pondeuses. Elles chôment!"

Il emprunta le petit pont tout en bois qui lui permit de passer d'une rive à l'autre. La rivière charriait l'eau boueuse des derniers orages et un chapeau qui avait du être noir.

En reprenant le chemin de l'Estive pour me rendre sur le plateau de la Contesse, je me suis arrêté sous un poirier, alerté par une querelle de grillons. Les deux compères protestaient contre le motoculteur en action d'un jardinier ennemi du gazon foisonnant. Les grillons en étaient venus presqu'aux mains, à force de juger qu'elle serait la bonne solution pour faire taire ce maudit motoculteur et reprendre la conversation, leur duo. Ils finirent par s'accorder et convoquèrent tous les grillons à deux cents kilomètres à la ronde et il en vint même, miracle du bouche à oreille transfrontalier, de nombreux pays étrangers et même d'outre-mer. Un méga-concert fut organisé sous le poirier. Ce fut le Woostock des Grillons pour humilier le jardinier et lui prouver que l'insecte, ne doit pas se laisser faire -surtout quand il se nomme grillon- et qu'en matière de bruit ou de musique, il peut mettre la mécanique hurlante et coupante à genoux.

Ne t'en prends pas au chien qui aboie, c'est son maître qui a peur!

Chaque fois qu'un commentateur dit magnifique, ou superbe, ou sublime, il devrait être mis au pain sec et à l'eau pour outrage à l'oeuvre.

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