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Met Barran
8 août 2014

Campagne

Nul malfrat ne saurait envisager de piétiner, souiller, abîmer une campagne qui devant lui ouvre grands ses bras. Belle, soignée, hospitalière... Avec ses arbres qui l'invitent à y grimper. Ses fruits qui ne demandent qu'à être croqués. Ses rivières qui l'appellent à s'y baigner et à s'en délecter. Ses prés qui lui clignent de l'oeil pour qu'il s'y roule et s'y endorme. Ses cailloux qui sur ses chemins bleus brillants comme des pépites d'or. Une campagne qui sent si bon, la mer et la montagne, parée des couleurs de nos adolescences. Cette campagne...Non, nul malfrat ne pourrait envisager de "corriger" pareille campagne.

Le Vieux Mickey

Au portail de la Traverse de la Halle aux Marchands, Augustin Lalanne, amoureux de ses melons de Lectoure, les présentait à un couple de russes avec ce même talent jovial et persuasif qu'un Hubert Rives avait mis, l'avant-veille, à marcher et nous conduire dans les étoiles à Fleurance.

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Tout en remontant son futal (il avait craqué sa ceinture), il lâcha "Moins de tracas et plus d'oseille". Ne vous étonnez pas outre mesure d'un tel propos. Martin d'Esclassan faisait référence à son neveu qui quittait l'exploitation de son père (car, contrairement à l'adage que lui avait inculqué son père, à qui son propre père l'avait déjà inculqué de la bouche d'un maréchal, cette terre lui avait menti) pour un emploi sûr et durable qui venait de lui être confirmé, à la Chambre de Commerce et d'Industrie. "Et tio, qu'il a bien raison le drôle. Moins de tracas et plus d'oseille pour le petiot."

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Une menotte me tend une barquette de framboises. Elle insiste. Je fais l'oiseau, et lui en picore une, deux...La menotte rétracte aussitôt la barquette. Je n'insite pas. J'ai compris le message. Elle veut rester maîtresse de ce qu'on lui a offert.

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C'est un camarade qui parle...Et alors , je sens son corps de plus en plus orageux, il est des éclairs qui ne trompent pas. Et alors, j'ouvre mon petit parapluie qui ne me quitte jamais, car je suis de ceux qui ont une extrême méfiance de la météorologie. Et alors, ainsi abrité et les premières gouttes tombant déjà, je m'aventure dans son corps, doublement couvert. Le camarade qui parle, ou il en dit trop ou il n'en dit pas assez.

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Je n'aime pas un comédien qui dit qu'il répète ses rôles. Ou bien il est comédien, ou bien il ne l'est pas! Ou, c'est un bon, ou c'est un mauvais! Le mauvais cause beaucoup, il donne des tas de justifications et d'alibis. Il répète, dit-il. Un comédien, c'est tous les personnages joués et à jouer, incorporés par osmose, et habitant son coeur, sa tête, comme la plus fragile de ses fibres ou le plus sensible de ses nerfs. Le bon comédien le sait, qu'il est bon. Celui qui joue mal ou comme un pied qui est un double mal, le sait aussi. Mais, lui, il se croit obligé de répéter. Faut faire, vingt-dieux! bonne figure devant public! Mais il aura beau répéter une semaine, onze mois, chacun de ses rôles, il ne tiendra jamais, moi je le sais, le beau rôle. Il continuera à se faire siffler qu'il joue Aristophane, Molière, Ionesco ou Eric-Emmanuel Schmitt. Je préfère un comédien qui ne dit pas qu'il répète ses rôles.

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Si mes "je" t'irritent, arrache-les et jette-les aux orties. Ils aiment ce qui les pique.

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Les fleurs du tabac méritent qu'on les observe entre parcelles de tournesol et de maïs, en cette première quinzaine d'août. Une beauté hautaine, au-dessus des feuilles, mais sans risques. Comme toutes les fleurs à destinée éphémère!

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Ce n'est pas parce que Michel Onfray, notre Socrate cathodique, le cite peu ou se panique de son côté "petit curé" qu'il ne faut pas lire Han Ryner ("Le crime d'obérier", "La sagesse qui rit"). Ce petit philosophe est plus d'actualité qu'on ne l'imagine. Qui? -Le Psychodore, Han Ryner!

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Je suis de ceux qui se passionnent plus pour le conte parlé que pour le conte écrit. J'y crois davantage, voilà tout. La magie, sans doute, d'anciennes veillées où par nos chaumières s'exprimaient quelques griots blancs. Le conte parlé nous le recevons, le conte écrit nous force à un labour, à enfoncer le soc. Dans le conte parlé, il y a la voix de l'autre, dans le conte écrit la voix de l'autre est effacée et, à chaque syllabe, je retrouve la mienne, elle est douloureuse et je ne l'aime pas.

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Croit-on ressusciter les morts en commémorant les guerres?

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Se prétendre anachronique ne veut pas dire que l'on se situe hors du temps. Mais que l'on se situe hors des autoroutes que l'on nous y trace, en nous indiquant qu'il n'en est pas d'autres. Se prétendre anachronique c'est s'inventer des chemins buissonniers.

 

Le Vieux Mickey & ses trois associés.

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