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Met Barran
1 août 2016

Disparition du peintre Pierre Garcia Fons à l'âge de 88 ans

Pierre Garcia Fons l'un de nos meilleurs peintres s'en est allé. Il est décédé le 29 juillet, le jour de ses 88 ans. Depuis plusieurs années frappé par la maladie, il s'était retiré du monde artiste, son atelier où il aimait tant affiner ses découvertes, les galeries où il prenait le pouls de l'air du temps. Lui était d'un autre temps. Artiste du sud, du septentrion et de ses ailleurs, il n'aimait pas que l'expression plastique soit assignée à une résidence quelconque. La peinture, il en était convaincu était une peinture du sujet. De ce sujet, enthousiaste et inquiet qui va, se promène ou erre, entre le rêve et la réalité, qui a besoin que les vitres des rêves éclatent et que les portes de la réalité grincent sur leurs gongs. Peintre, se définissait-il, du sentiment, il cherchait à unir, nous semble-t-il, exploration et épanouissement. Exploration d'espaces et épanouissement à travers les images rapportées. Rapportées, c'est trop vite dit, tant chez lui rien n'était pris aux vents qui passent, emprunté aux foucades de maîtres éphémères, mais résultat d'un travail se développant dans la fébrilité mais s'exposant dans une élégance parfois sans égale, où la sérénité est préférée à l'euphorie. Celle d'un Pierre Bonnard (1867-1947) ou d'un Edouard Vuillard 1868-1940).  La palette de Garcia Fons, celle qui lui avait déjà valu le prix Fénéon (1958), comme espoir de la "Jeune Peinture" des années 1950, et que le prix de la Fondation Taylor à son tour honorera en 2006, ne se laissa jamais coaguler en un quelconque noeud conceptuel ni dans le mimétisme de l'illusion humaniste. Ce qui valut à son oeuvre d'être appréciée autant par un Jean-Louis Ferrier (1926-2002) que par un Georges Didi-Huberman (1953) et par les habitués des deux dernières galeries parisienne du peintre ArtFrance et Matignon. Ce les bonnes feuilles d'un voyage intérieur qu'il nous donne à voir, mais comme il n'a cessé de croire en la prééminence  du sentiment et de l'émotion, il fait toujours confiance à l'acuité de notre perception pour que nous le rejoignions en ces bonnes feuilles, qui sont autant d'insularités de "luxe, calme et volupté" comme aurait pu dire, s'il l'avait connu, un poète d'avant-hier qui n'a rien perdu de son allure d'albatros.  Garcia Fons ne se méprenait pas sur la fonction de la peinture... Que pourrait-elle être d'autre, sinon une architectonique chromatique du bonheur? Peut-être est-ce ce qui lui a mérité de recevoir des mains de Manuel Valls, premier ministre, les insignes d'Officier des Arts et Lettres , le 21 mai 2013. Pierre Garcia Fons a pu être "Peintre Témoin de son temps", mais d'un temps dont il s'est efforcé de protéger des valeurs profondes de beauté, de gaieté et de générosité contre tout ce qui, au pas tout d'abord et maintenant au galop, voudrait les annihiler, anesthésier, lapider. C'était un créateur de bonheur de vivre, côté cour et côté jardin de la sensualité. Pierre Garcia Fons, peintre bien sûr mais aussi sculpteur et, ce que l'on sait peut-être moins, illustrateur de chefs-d'oeuvre de la littérature, dont Bazin et Camus, bénéficiait de l'amitié d'un géant en "habit vert", le dramaturge René de Obaldia (1918). Fidèle au Roussillon qui fut hospitalier à sa famille d'outre- Pyrénées en 1938, et où il a vécu avec sa famille, au fil du temps se partageant entre Paris, Collioure et Villeneuve- de- la- Rivière. Ses expositions franco-européennes et au-delà, ne l'empêcherent point d'être, dans les années 1980, le peintre- phare de la galerie de "La Main de Fer" et de répondre présent à un appel de la galerie L'Olympe, de la rue de la Cloche d'Or; puis à une magnifique rétrospective, en 2006, organisée au Couvent des Minimes, par la ville de Perpignan. C'est un vénérable peintre catalan qui nous a quittés. De sa collaboration avec son grand ami  l'écrivain Jordi Pere cerdà (1920-2011), resté un précieux livre trilingue (catalan, français, anglais) édité et présenté par Alex Susana à Columna en 1993. Que sa veuve Olga, ses fils TristanRenaud Garcia Fons et sa plus proche famille  trouvent ici l'expression de nos plus sincères condoléances. 

xxx

 

 

 

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