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Met Barran
21 septembre 2016

CLAUDE DELMAS N'EST PLUS

Claude Delmas vient de nous quitter. Peu de semaines après la sortie de son dernier livre "Disparition des Pyrénées-Orientales" (Libre d'Arts). On le savait depuis longtemps gravement malade. On savait aussi avec quelle force et beauté littéraire il résistait à son mal. Son roman "A jamais ton nom sur ma langue "en avait une éblouissante preuve. L'amour et l'amitié de proches, la passion de l'écriture étaient ses armes. Il ne les a lâchées qu'après nous avoir donné, comme dans un sprint avec son dernier souffle de vie, cette "Disparition des Pyrénées-Orientales", qui sera comme l'autobiographie testamentaire du "retraité "de la rue Boileau, des hauts de Vingrau. Maison hospitalière comme jamais il n'en fut. Il s'est éteint chez lui à Vingrau, dans la matinée du 20 septembre, il avait 84 ans. Claude Delmas était écrivain, même s'il n'en fît pas carrière, même s'il ne se démit jamais d'une modestie qui chez lui n'était pas de l'orgueil rentré. Plus d'une vingtaine de titres en témoignent. Depuis "Le bain maure" (Julliard, 1964), salué dans L'Indépendant du Midi -le quotidien de sa terre natale- par Charles-Henry Reymont (François Napoléon) qui porta quelques jeunes lecteurs à la découvrir et à ne plus s'en éloigner. Oui, un écrivain dont la Médiathèque de Perpignan  par une intelligente exposition au printemps 2007 saura révéler et sa vigueur éditoriale et la diversité de ses intérêts thématiques. Deux libraires à Perpignan s'en firent les persuasifs et constants avocats, parce que réellement amoureux des bons livres: Jean-Louis Coste et Pierre Tisnès. Du cinéma à la tauromachie, de la poésie au roman policier, la femme et l'histoire... Oui, beaucoup de champs sur lesquels la maîtrise du récit ("Des reines Sont Mortes Jeunes et Belles") nous  faisait le compagnon jusqu'à la dernière ligne. L'exposition portait un titre simple mais ô combien cher à l'auteur, puisqu'il ressortait comme le troisième titre de son "sextette" Flammarion et d'une lignée de titres à l'envolée poétique. Goûtez celui-ci: "Le pont du Chemin de Fer est un Chant Triste dans l'Air".  La part la plus importante de sa bibliographie qui ne fut pas que parisienne (Julliard, Flammarion, POL, Hachette). A celle ou celui qui se penchera sur son oeuvre apparaîtra facilement un découpage en deux volets éditoriaux, presque "numériquement identiques. Central et périphérique -pour parler comme dans les années 1970. A partir du mitan des années 1990, revenu au pays et comme pour lui renouveler un attachement qui ne s'était jamais distendu, Claude Delmas -qu'avaient remarqué un Pierre Dumayet et un Jacques Chancel et qui ne reniait pas la capitale-confia la plupart de ses écrits à des éditeurs locaux ( de l'ici) comme Mare Nostrum, Balzac, Trabucaire, ou Voix Editions. De même collabora-t-il avec des artistes de sa génération ou des plus jeunes, de Claude Massé (en particulier: Les Catalans sont des Patots) et de Francesca Caruana. Ce n'était point par assoupissement régional, mais parce que la conscience, la mémoire et l'amitié avait ancré en lui une solide trinité qui orienta les faits et gestes de sa vie. Dans le privé comme dans le public. Sur le plan professionnel (des "Charbonnages de France" à "Air-France") comme sur le plan citoyen... Une personne plus qu'une figure, homme de coeur, de droit et de conviction...Rêveur et humaniste. Le natif de Rivesaltes ne pouvait accepter que l'on occultât le camp dit de Rivesaltes. Le fils d'instituteurs laïques ne pouvait que contribuer à la redécouverte nationale de l'oeuvre de Ludovic Massé, l'instituteur-romancier, père de son ami de jeunesse Claude Massé. Le résident de Vingrau, au temps fébrile des carrières, ne pouvait pas ne pas s'associer à la dynamisation culturelle de l'association des "Amis de Marcel Gili", à Génégals. Ni, mais sur d'autres terres, de poursuivre avec le cinéaste  Guy Cavagnac ce dialogue avec et pour le cinéma qu'il avait entamé étudiant montpelliérain avec Marcel Oms et Jean-Claude Rolland et noué, par la suite, jusqu'à l'alliance avec Catherine -sa femme. Ni, "nouveau-romantique" ou pas et voisin du "nouveau-roman" (Claude Simon)  garder fidélité à Bernard Noël ou Franck Venaille, à Mathieu Bénézet ou Jean-Claude Montel. Ce qui aura été son souci majeur, que ce soit devant des oeuvres de Peter Klasen, Georges Badin ou de Jean Gaudaire Thor, souci certes mis en sourdine par des priorités économiques du quotidien et les humeurs de l'actualité mais jamais effacé (comme sa production de "retraité" des Corbières le montre), c'est le travail de l'art et d'une langue pour nous faire entendre leur part d'inaltérabilité. Présente aussi bien dans "Le Schooner" que dans "Yamilee"," "Madrid et ses Castilles", ou "Histoire de Billy et la Mienne", unique roman  réédité, d'abord à Paris (Hachette, 1980) puis à Perpignan (Trabucaire 2001), Sans négliger, naturellement, cette "Disparition des Pyrénées-Orientales" (Libre d'Arts) qui est son adieu. Claude Delmas était un ami.  Un ami très affectueux. De longue date. Nous sommes dans la peine. Sincères condoléances à Catherine et à ses enfants.

xxx

 

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