Le "9" de Pere Figueres: la nouveauté par son chiffre

Cette fin d'année ne sera pas frugale pour les gourmands de culture catalane. Non, les friandises littéraires ne manquent pas. Il en est une que l'on remarquera tout particulièrement. Il s'agit de "9"- ce chiffre en est le titre. Son auteur est le bien connu Pere Figueres, toujours humble mais surprenant. Ce "cantautor" des Arbres et des Oiseaux, ce plasticien inventeur d'une tribu de "Kanyataps" nous livre un recueil de poésie qui chante comme eau de claire fontaine. Mais cette fontaine de Pere Figueres n'a rien perdu de ses saveurs catalanes. Une cinquantaine de pages. Des textes courts: de 5 à 50 lignes de 2 à 7 mots. Comptines, paroles de chansons, pensées.  Anaphores, allitérations, versets. A fleur de coeur. Au bord des yeux. Une philosophie de l'étonnement. Une sagesse de l'intimité. Du sentimental, et du descriptif: Le "je" n'est jamais abstrait. Et l'attachement à un pays n'est pas une pathologie. Non plus, l'amour d'un métier de terre. Des pointes de révolte aussi. Et... de la gaieté à lutiner des mots, des traits et quelques rimes.  De la concision et la simplicité, avant tout. Comme une espèce de confidentialité: De soi à soi- ce qui expliquera le parti pris monolingue (catalan). Ce "9" (la queue en bas comme l'on entende parfois aux séances de rifle) est une pochette surprise pleine de friandises de bouche: à ravir yeux et oreilles. Avec-en bobnus- 9 illustrations, inspirées des propres homuncules en liège de l'auteur, et d'un très beau texte introductif de Renada Laura Portet, la grande dame des lettres de la Catalogne Nord, l'auteur de "una ombra anomenada oblit" et de "jocs de convit". Don son texte, Portet, aussi admirative que critique, met en exergue "Pere Figueres, un home fora de mida", et le place (pas seulement par mouvement d'empathie) sous le double auvent d'un Teilhard de Chardin et d'un Rilke.  Bim! D'aucuns pourront dire, c'est trop! D'autres diront -plus simplement- il était temps!  La composition et la mise en page de cet ouvrage, à fort caractère artistique et où on a l'impression qu'un petit chat joue avec une pelote de laine, sont dues aux talentueux graphistes Mercè Serrano et Esteve Sabench.       

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