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Met Barran
4 mai 2018

De Fossa & Kennedy

Un lien entre François de P. de Fossa (1775-1849), the "Hayden de la guitare" et John F. Kennedy (1917-1963), le 35 e président des States  est-il possible? En suggérer la question c'est s'inscrire à une internationale des fabulistes. N'empêche le Perpignanais traversa l'Atlantique...mais c'était pour se rendre au Mexique (en son temps encore Nouvelle Espagne) et y demeurer de 1797-1803, n'empêche, le Perpignanais eut un rêve américain au meilleur moment de son idylle gaditane avec Jeanne (Jane, Juanita). En témoigne ce qu'il écrit à sa soeur dans une lettre de Barcelone en date du 6 février 1805 : " Plut-il à Dieu qu'elle voulut entrer dans mes idées: nous irions aux Etats-Unis de l'Amérique; nous nous établirions dans un  pays libre; j'y deviendrois cultivateur & nous abandonnerions pour toujours l'affreux séjour de l'Europe, dont les habitants n'ont plus d'homme que l'extérieur." (Lettre Barcelone 6 février 1805). Des écrits et des faits bien fragiles pour étayer quelque lien avec John Fitzegerald Kennedy, lequel naquit près d'un siècle et deml après-lui  et à plus de 6 OOO km de distance. Bien improbable lien! N'empêche, n'empêche que par deux fois au moins et à deux dates différentes le nom de Kennedy apparaît dans la correspondance de Fossa, d'abord de Madrid le 17 avril 1808 dans une lettre à Thérèse Campagne, ensuite de Le Perthus le 21 avril 1823 dans une lettre à son filleul François Campagne

 

"Depuis ma dernière, ma bonne amie, je n'ai reçu de tes lettres. Seriez-vous aufsi peu tranquiles là-bas que nous le sommes ici? Toujours des doutes, toujours des incertitudes sur  notre sort à venir: mais toujours des certitudes sur la fourberie & l'indignité de nos hôtes.Tout le monde les déteste & moi je les abomine. Pour peu que je puifse trouver du pain ailleurs ce ne sera surement pas à eux que je m'adrefserai pour en avoir: et si la nécefsité m'y forçait il serait bien douloureux pour moi de devoir ma subsistance à des scélérats que je méprise autant que je les abhorre.Vaille que vaille tu feras toujours bien si tu ne l'as fait au reçu de la présente de complimenter le Ministre du mieux que tu pourras. Un certain Mr. C. Candy, qui prend le titre de baron du boulou lui a écrit de perpignan pour le féliciter: je suis chargé par son exc. de lui répondre en espagnol le courier prochain."

"Je profite du départ de mon hôte pour t'annoncer, mon cher filleul, que je suis détaché ici avec deux compagnies. J'ai passé la dernière nuit au bivouac avec le deux Iers bataillons que je rejoignis hier soir. En passant au Boulou, j'ai diné pour mon argent, chez un parent de M. Candy. Le 3ème Bataillon passe en ce moment, les deux premiers viennent de partir en avant. Je reste ici à garder le magasin et je désire d'être bientôt relevé. Adieu. J'embasse ton papa et ta soeur et je suis à toi. F. F?" 

      Comme le lecteur le plus distrait s'en aperçoit, de Kennedy il n'est point question puisque l'on y mentionne un M. Candy, C. Candy? Alors un peu de sérieux! On veut bien que l'on nous mène un peu en bateau, mais de grâce ne le faites pas trop tanguer. Et sur ce le lecteur s'aperçoit qu'il y a dans les deux lettres une mention essentielle, celle de la commune de Le Boulou. Et que nous devons retenir M. C. Candy, baron de Le Boulou. La lecture (sur internet) d'un article consacré à l' "Histoire d'une famille roussillonnaise: Les Bonet de Banyuls dels Aspres" par le professeur Georges Bonet précise que "Les Candy, ou Kennedy, ancêtres des Bonet, sont indifféremment qualifiés de Pagès du Boulou (El Volo), Bourgeois de Perpignan, baron du Boulou." Il appert donc que nous ne sommes pas le premier à parler de Kennedy et qu'il a bien existé en Roussillon et plus précisément au Boulou des... Kennedy.  Dès 1914, dans sa première édition de son Dictionnnaire de Biographies roussillonnaises, Jean Capeille rédige à la lettre K sept notices relatives à Des Kennedy ou Candy (Bernard de), (Côme de), (Joseph de),(André 2), (Côme 2), (Jean 2) et (Antoine 2). Dans sa monographie familiale Georges Bonet parle plus précisément de  Côme Kennedy.

"Ce cosme Candy1 est un personnage important en Roussillon. Pagès et baron du Boulou, Bourgeois de Perpignan, capitaine aux Milices en garnison au fort de Bellegarde, il descend de Bernard Kennedy2,gentilhomme et soldat irlandais arrivé en France à la suite du roi Jacques II et finalement installé comme Pagès eu Boulou en 1698, où son nom se transforme phonétiquement en Candy, les deux formes étant indifféremment utilisées. Un document des archives Bonet est signé par un Kennedy, premier consul de Perpignan, en date du 11 mars 1765."

1- (1746-1829). Co-seigneur engagiste de Le Boulou. Il est le fils de  Joseph de KENDY (1717-3 mai 1794). La maison de ce dernier avait servi de quartier général au général Antonio Ricardos (1727-1794) pendant la première bataille du Boulou gagnée par les Espagnols en 1793.  Arrêté et enfermé, d'abord,  à Banyuls-dels-Aspres, il fut conduit à Perpignan, le 1er mai, et fut sans cité sans laisser filer le temps à la barre du Tribunal Révolutionnaire. Et comme le rapporte un historien-  Armoise Carconeil porta l'acte d'accusation : " Nous, officier de police instruisant, vu les réponsesdu nommé Candy; considérant que, plus jaloux de ses privilèges et de son or, que de demeurer fidèle à son pays; considérant (...) qu'il a eu pour elle (la Révolution) un coeur froid et qu'il l'a même haïe, (...) déclare qu'il y a lieu à accusation." Le jour même (13 Floréal An II), aussitôt après l'interrogatoire, Joseph de Kendy fut condamné à mort comme émigré. Une demi-heure après l'arrêt, la tête de ce vieillard (76 ans) tombait sur l'échafaud. Il fut guillotiné place de la Loge à Perpignan."Il n'y eut même pas de jugement écrit prononcé contre mon oncle, écrit Jaubert de Passa; tout se fit verbalement, et il ne resta, le soir même, aucune trace de l'arrêt". Un exemple de la justice expéditive de la Terreur. C'était le 2 mai 1794, au lendemain de la deuxième bataille du Boulou, remportée par l'armée révolutionnaire.

 

 

 

2-.À la fin du XVIIe siècle, Bernard de Kennedy, catholique originaire d'Irlande et arrivé en France avec la suite de Jacques II d'Angleterre, s'établit au Boulou et obtient la naturalisation française de la part de Louis XIV (Viquipédia Le boulou)

3-Jaubert de Passa (1785-1856).Indiquons que François de Fossa était apparenté à des Jaubert.

Les informations ci-dessus permettent d emieux éclaire le "M. C. Candy" cité par François de Fossa, lequel au moment-2 mai 1794-  où le couperet de la guillotine s'abat à Perpignan sur Joseph de Kennedy, doit assister avec la Légion de la Reineau bombardement et à la prise de Collioure par les Français.

Fossa fait allusion à Côme Candy/ Kennedy, le baron du Boulou. Ce dernier, passé en Espagne avec femme, enfants et soeurs s'était vu accorder par Charles IV (ce même roi qui avait reçu en audience Fossa) une pension dont il jouit jusqu'en 1808, date à laquelle, nous dit Jean Capeille,  les Français le forcèrent à regagner la terre natale". 1808 n'est pas une date anodine. C'est l'année de l'arrivée des troupes de Joachim Murat, le Grand Duc de Berg à Madrid entré en Espagne en février 1808, il occupait la capitale le 23 mars suivant) des abdications royales (19 mars) et de la guerre anti-napoléonnienne. Fossa est arrivé en 1807 à Madrid. Son projet était d'essayer de vivre dans la capitale espagnole de sa musique, de concerts, de leçons de guitare, de copie de partitions. Bien que consacré (ou auto-sacré)  "Hayden d ela guitare", le projet avait tourné court. Et la vie à Madrid n'avait économiquement parlant rien de paradisiaque même logé chez un habitant ami de longue date. Cependant, sur le plan politique du noouveau se faisait jour. Fossa se prit à croire au changement de son sort dans la nouvelle perspective politique. Preuve que le nouveau se pressait, le rappel aux affaires de Miguel Josef de Azanza y Alegria, dont il avait été un des pages à México, au teemps de sa vice-royauté et qui, avant d'être rappelé sur le continent, l'avait fait sous-lieutenant d'infanterie à Acapulco en 1800. Ainsi  le 25 mars 1808 Azanza avait été nommé «Secretario de Estado de la Hacienda» (Ministre des Finances) par Ferdinand VII. Une nomination susceptible d'arranger les affaires de Fossa.  Il ne fallait pas laisser passer cette opportunité, d'où son appel épistolier à sa soeur, l'aimante et l'influente. Le Ministre auquel fait allusion la première lettre est bien Azanza qui en avait fait son secrétaire particulier.  Le moment est donc venu, une intervention de sa soeur pourrait augmenter les chances de se voir confier une bonne place. D'où l'invitation pressante qu'il fait à sa soeur d'adresser une lettre de féliciations au Ministre, le prétexte lui étant fourni par la lecture qu'il vient de faire de celle d'"un certain M. C. Candy". Une formulation qui indiquerait que cette personne ne lui était pas connu; à  moins que ce ne soit une ruse pour leurrer la censure des courriers. Fut-il renseigné sur cette personne par Azanza lui-même qui l'aurait peut-être connu lorsqu'il était responsable de la guerre en Catalogne? Obtint-il auprès de sa soeur ou son beau-frère des précisions sur cet amcien émigré revenu au pays peu de semaines avant sa lettre. En 1808, Côme Kennedy a soixante deux ans.

La plume de Fossa ne nous renseigne guère sur ce personnage dans la deuxième lettre où on le voit mentionné. Il est seulement question d'un parent de M. Candy chez lequel il dîne, le capitaine François de Paule de Fossa, affecté depuis peu à la forteresse de Bellegarde. Comme l'avait été Côme de Kennedy, non pas l'homonyme contemporain de Fossa ,alors dans sa soixante dix-septième année,  mais le grand-père de celui-ci qui avait nommé commandant de la place le 29 janvier 1748, soit soixante-quinze ans auparavant. Avait contracté quelque relation ou amitié de militaire en cette famille? La lettre est du 21 avril 1823. Fossa ne va pas tarder à franchir la frontière espagnole avec l'armée dite des Cent Mille Fils de Saint-Louis...Il semble difficile, comme nous l'avions initialement posé, prospection et digression abouties (!), de mettre en ligne sans grésillements François de Fossa  (F.D. F.)et John Fitzgerald Kennedy (J.F.K.). A la fin du XVII ème siècle, fuyant la persécution en Irlande des catholiques par les protestants, un gentilhomme s'appelant Bernard de Kennedy émigre en France et se fixe au Boulou.Au mitan du XIX ème siècle, en 1849, un Patrick Kennedy (1823-1858) quitte son Irlande natale pur émigrer aux Ébats Unis et s'installe à Boston. C'est tout ce que l'on peut dire! Inutile de faire le paon généalogiste. C'est comme ça toutes les petites rivières ne font pas de grands fleuves.

xxx

 

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