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Met Barran
11 juin 2019

FRANCIS CAZES N'EST PLUS...

Moment de peine, de grosse peine quand on vous apprend la disparition d'un ami. La choc a été brutal lorsque Francine son épouse m'a annoncé que Francis s'était éteint, au lendemain d'une suite d'opérations. Je connaissais les Cazes de Montauriol de longue date. Ils m'avaient accueilli dans leur cercle d'amitié dans les  années 1970.  En ce temps, je collaborais au journal L'Indépendant et j'avais été amené à le rencontrer dans le cadre d'un reportage. Francis, d'un an moins âgé que moi, était marié à la fille d'une connaissance, François Montagut, enseignant-poète.

Il était maire de Montauriol et le demeurera pendant au moins cinq mandats jusqu'en 2008.

Françis était ferronnier, un homme du métal et du feu. Issu d'une solide école locale qui avait Maître Bourguère comme leader. Lorsque ce dernier prit sa retraite, c'est lui qui lui succéda à l'Ecole des Beaux Arts de Perpignan. Il y sera aimé de ses élèves et apprécié de ses collègues. Chef d'entreprise, maire et...enseignant. Goût du service, du contact avec les autres...

Francis avait bénéficié de la proximité de l'artiste Manolo Valiente. Il attira sur Montauriol, Peter Weiss, le sculpteur allemand de Darmstadt. Une de ses oeuvres  (une ève nue) domine la place de la belle et paisible agglomération d'arrière-pays.  Artisan, artisan d'art et inventeur. Esprit créatif, n'hésitant pas à tenter l'"impossible": ce fut  la marque de son caractère, pragmatique et...poète. Il créera avec son fils, formé également aux arts du fer, une boutique au "Village catalan" et élaborera un parfum féminin qu'il baptisa "Sardane". Il sera salué à Grasse et sur toute la Côte d'Azur. Léger, coloré, sautillant, festif. A Perpignan, il le présentera dans l'un des salons de Sant-Vicens avec le concours de la comédienne Isabelle Pasco . L'héroïne de "Roselyne et les Lions" de J.-J. Beneix (1989) l'avait fort  apprécié.

Esprit ouvert, opiniâtre, coopératif et sincèrement attaché à son village, à sa région... Francis Cazes se montrera sentinelle de son village: défenseur du paysage rural, contre le mitage par le béton. Il contribuera également à revitaliser la belle tradition populaire de la cueillete des herbes de la Saint-Jean (au tout petit-matin). Attaché à la chanson catalane et ami de Jordi Barre qui, durant de longues années, sera son administré domicilié au Serrat de les Planes. Mais, tout autant épris de poésie roussillonnaise, celle d'Albert Bausil dont il aimait à déclamer, en compagnie heureuse, le célèbre "Mon pays". L'homme de fer se laissait aller à des émotions romantiques. Il était roussillonnais, avisé et inquiet: diplomate.

Cazes était mainteneur et mécène d'un prix aux Jeux Floraux de Perpignan. D'ailleurs, c'est au dîner de l'édition de 2019 que je l'ai vu avec son épouse pour la dernière fois.

Francis Cazes goûtait l'humour. En conversation, il avait plaisir à  se lancer dans des amorces d'imitations. Yeux rieurs et voix élancée. Il était une imitation dont nous nous ravissions ensemble, celle du sénateur Léon-Jean Grégory, le politique local qui le plus marqua notre génération.  Ses propos, il les concluait, souvent, par une expression catalane, aussi intrigante pour qui ne connaît pas le catalan comme pour celui qui le connaît, "anem a fer ballar patusques".

Homme de conscience, éclairé autant que discret, fidèle en amitié, bon compagnon de table, humaniste de coeur et par civisme, n'ayant jamais perdu le sens du groupe, ce sens du jeu collectif, contracté dès sa jeunesse comme joueur de rugby à l'U.S. de Thuir -son village natal, qui est aussi celui de Gustave Violet et de Marcel Gili: deux artistes qui nourrissaient son imaginaire de créateur.

Francis avait 76 ans... Nous ne blaguerons plus ni n'évoquerons voyages en Provence, Bourgogne ou Sud-Ouest... Il est douloureux de l'admettre.

Que toute sa famille et Francine, en premier, trouveent ici l'expression de mes condoléances les plus attristées ainsi que l'assurance d'un souvenir de fraternité.

Ses obsèques religieuses auront lieu  mercredi 12 juin à 15 h en l'église de Montauriol. Elles seront suivies de l'inhumation dans le cimetière du village.

xxx

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